JOUR 11  

La grande peste

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     Dix mille précautions valent mieux qu’une. Vues de Thaïlande, l’Europe et la France en particulier, sont souillées, compromises par un fléau immémorial, une mort noire qui rôde, tapie, insidieuse, et qui, pour paraphraser Nietzsche « décime les faibles et les tarés ». La puissance publique du vieux monde est bien impuissante à combattre le mal. Alors qu’ici, dans un  pays neuf, on a su éradiquer l’infâme, repousser la faucheuse et éloigner, loin de la terre sacrée du Siam, les miasmes de cette nouvelle peste.

 

      Aussi, à son arrivée, chaque naufragé sanitaire est considéré et traité comme un grand malade en puissance. Un mignon petit thermomètre à mercure, d’un tangerine du plus bel effet  lui est confié lors de l’enregistrement. Deux fois par jour, il faut vérifier, par voie axillaire ou buccale, si une fièvre scélérate ne s’est pas invitée. Puis indiquer, via l’application LINE, le Whattsapp thaïlandais, sur une plate-forme interactive, si la barre fatidique des 37,5 °C est franchie. D’une voix doucereuse, une infirmière diplômée vient chaque matin, s’enquérir de l’état du patient-détenu : Courbatures ? Diarrhée ? Décoloration des doigts ou des orteils ? Anosmie ? 

 

         Contacter le coronavirus en touchant une surface contaminé a beau n’être possible qu’après une chaîne d’évènements hautement improbables, pas question, pour le petit personnel, de prendre le risque. Le bon café pressé frais du matin? Banni.  Il faudrait ensuite décontaminer la cafetière ? Nettoyer la chambre ? Que nenni avant une semaine et un premier test nasopharyngé négatif. 

 

     Alors qu’installé au grand-air, face à une soignante, momifiée de polypropylène, l’écouvillon prêt à explorer mes cavités, le test numéro 2, je me dis, que bientôt tout cela ne sera qu’un lointain souvenir. Que le détenu matricule 1407 va redevenir un homme libre.








DAY 11: 

 

The Great Plague

 

    Viewed  from Thailand, Europe is tainted, compromised by an immemorial plague a black death that lurks, insidious, and, quoting Nietzsche, "decimates weaks and insanes”. Western public authorities are unable to implement stricter measures to drive down COVID-19 transmission rates and  tackle the evil. But Thailand, a brand new country, have been able to eradicate and push back the infamous scourge.  

    Hence, any single so-called “sanitary castaway” landing in land of smiles is considered as a potential sick person. A cute little mercury thermometer, with a flashy tangerine color is given to him upon check-in. Twice a day, it is compulsory to check, via the axilla or the mouth, whether a raging fever has not invited itself. Then, through  LINE, Thai’s Whattsapp, on an interactive platform, you need to point out  if the fateful 37.5°C mark has been passed over. In a gentle voice, a qualified nurse comes every morning to enquire about the condition of the patient-detainee: Back pain ? Diarrhea? Discoloration of the fingers or toes? Anosmia? 

         COVID-19 rarely spreads through surfaces.  As evidence has accumulated over the course of the pandemic, that the majority of transmissions are occurring as a result of infected people spewing out large droplets and small particles called not surface transmission. The risk is insignificant. But the hotel’s staff don’t give a dime. Morning freshly coffee is prohibited as the coffee pot could be contaminated. And housekeeping will enter the room only after first negative nasopharyngeal test. 

     Sat on the 31st floor terrace, facing a nurse, mummified in polypropylene, the swab ready to explore my cavities,  I am wondering if this story will soon be a distant memory or in my min for decades. Whatever, inmate number 1407 will soon be free.


PS / This is frenglish translation not English. Apologies.

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