JOUR 8

 

Copain 


    Sera-ce ce Britannique, Ecossais je suppose, crinière blanche de vieux lion, le haut de visage strié de capillaires rouges, tarin phénoménal et oreilles interminables ; ou cet homme d’âge moyen, selon toutes vraisemblances issu du sous-continent indien, corps imposant, chevelure ample et sombre, démarche agile malgré un tour de taille incertain  ; à moins que ce ne soit, cette jeune asiate, diaphane, les yeux en amande douce, pantalon Chino taille haute. Elle n’est pas Thaïlandaise.  Les autochtones, ont leur propre centre de détention moins cossu mais libre de charges. Je pencherai  pour une ABC :  American Born Chinese. 

 

    Mademoiselle Bow me tend un expresso floral, un brin ligneux mais qui après une huitaine de café lyophilisé prend un goût d’infini. Puis, elle raccompagne ce trio improbable dont les trois quarts d’heure de promenade viennent de s’achever. Je prends, à mon tour,  possession du nouvel espace qui m’est dévolu pour 45 minutes : une terrasse tout en longueur qui plonge sur le Moloch urbain. Hier, entre chien et loup, une ligne orangée éteignait le jour à l’horizon du ciel pur entre des bandes de brumes qui surlignaient l’oblique des tours, hautes et guindées. Aujourd’hui, un azur vif prédomine. Mais pas de copain aux alentours.

 

   Où es-tu mon ami, mon frère d’armes, mon camarade de zonzon, avec qui je vais pouvoir « yoyoter », échanger des tuyaux sur la vie en calèche, les bons plans pour barboter une bouteille  de scotch ou parler de nos blondes de celles qu’on n’a pas eues et de celles qui nous attendent. Où es-tu toi avec qui, dans  dix ou vingt ans, quand on se souviendra de ce début de printemps 2021, on rira, pleurera et se tapera les côtes. Non. Tu n’es pas là. Pas là. Juste pas là.




  

Copain ?                     Tu es où copain ?

DAY 8

 

Buddy

 

     He might be this British guy, Scottish I guess with a deep white old lion’s mane, but an under average even ugly looking,  actually over ugly looking, red cheeks, phenomenal nose and never-ending ears. Unless he is this middle-aged guy,  undoubtedly from the subcontinent, with an imposing body, ample dark hair and agile gait in spite of an uncertain waistline. Otherwise, he might be a “she” : this  young Asian girl, diaphanous, with soft almond eyes, high-waisted Chino trousers. She is obviously not Thai.  The natives, have their own Covid jailhouse, free of charges. I guess she is ABC: American Born Chinese. 

 

     Miss Bow hands me  a floral espresso, a bit woody but after eight endless days of instant coffees it tastes like exquisite. Then she escorts this unlikely trio out of the place. My turn to take over this  so-called cool-off facility. I am barely allowed 45 minutes a day in this rooftop terrace overlooking Bangkok. Yesterday, just before sunset, a thin orange line outlines the horizon between skyscrapers,Today, a deep blue sky largely predominates. But no buddy around.

 

   Where are you, my friend, my brother in arms, my comrade in zonzon (jailhouse in French slang), with whom I can socialize, share tips on inmate’s life, best way to bootleg booze, or talk about women, the ones we haven't had and the ones waiting for us. Where are you my  buddy with whom, in ten or twenty years, when we remember this early spring of 2021, we'll be laughing, crying, giggling and whooping. But you are not around. Just not around. And it’s a shame.








Commentaires

  1. It's in these times of isolation that we realize who such buddies are, so we can reconnect with them even more profoundly upon the next encounter. Wishing you best of luck dear Loic!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog