JOUR 9
Éloge de l’ennui
Quand, à 14h, affalé dans un lit toujours défait, ma télécommande hésite entre une série en mandarin sur les années maquisardes du jeune mais déjà replet Mao Zedong ou un drame coréen sur les amours contrariés de Kang Jun-sang et Jung Yu-jin, quinze ans chacun, il est temps de me demander si le susdit temps ne commence pas à être long.
Ce sentiment diffus qu’entre écran plat et éther cybernétique, les journées passent, somme toute, assez vite m’amène à aborder un thème essentiel de la vie de confiné, celui qui tarabuste les candidats à la quarantaine : l’ennui.
Étymologiquement, l’ennui est un mot très fort, il vient du latin in odium : « en haine » J’ai la haine du monde et tout m’est odieux : est mihi in odio. Certes, depuis que le monde est monde, l’ennui a toujours eu ses défenseurs, en particulier du côté des philosophes. Il serait, selon ces « sachant », synonyme de désengagement, de vacuité propice à la méditation et à la reprise de contrôle sur soi-même. Après tout, peut-être avons-nous désappris à nous ennuyer, à mesure que nous avons appris à nous désennuyer.
Mais je sens que vous … ennuie. Tandis que, sur KBS, Jung Yu-jin confie à sa meilleure amie Oh Che-lin qu’elle a le béguin pour le ténébreux Kim Sang-hyuk, CCTV4 nous montre un jeune mais déjà replet Mao Zedong assurer à ses camarades que : « Une seule étincelle peut allumer un feu de prairie. »
Cet épisode de temps suspendu dans un lieu aux dimensions réduites et dénué de perspectives révèle que l’on peut certes chercher à fuir l’ennui, à le chasser comme un importun. Ou, au contraire, l’approfondir et jouir de ses magnifiques vertus. N’oublions jamais que si le prix à payer pour être un mouton c'est l'ennui, le prix à payer pour être un loup c'est la solitude. Choisissez l'un ou l'autre avec grand soin. Soyons fou. Soyons loups. Wooooooooooooooh !
DAY 9
Boredom
When, at 2 p.m., slumped in an unmade bed, my remote control lazily switches between a Chinese TV serie in Mandarin about the pre-revolution years of young but chubby Mao Zedong or a Korean drama about the thwarted love of Kang Jun-sang and Jung Yu-jin, both 15 years old, I guerre time has come to wonder if the forementioned time isn't starting to be long
I actually got this inner and fuzzy feeling that between the ultra flat Samsung screen and the cybernetic ether, days are passing by pretty fast, even too fast. Then, I need to come up with a theme most of quarantine ex, current or future inmates are worrying about, boredom.
Etymologically, boredom is a very strong word . It comes from the Latin in odium: "in hatred" I hate the world and everything is odious to me: est mihi in odio: it bores me. Ever since the world began, boredom has always had its defenders, especially among philosophers. According to the 'knowers', it is synonymous with disengagement, a vacuity conducive to meditation and regaining control over oneself. After all, perhaps we have unlearned to be bored, as we have learned to be un-bored.
But I can feel that you are getting ... bored. Meantimes, Jung Yu-jin is telling her BFF Oh Che-lin that she has a crush on the dark-haired Kim Sang-hyuk and the young but already plump Mao Zedong is assuring his comrades that, "A single spark can light a prairie fire. "
This episode of suspended time in a tiny place reveals that one can certainly try to escape from boredom, to chase it away like an intruder. Or, on the contrary, to deepen it and enjoy its magnificent virtues. As being bored is boring, you need to keep in mind that the price of being a sheep is boredom. But the price of being a wolf is loneliness. Choose one or the other with great care. So lets be a wolf ! Ouuuuuuuuuuuh !
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